3. Appréciation de l'absence d'unité de l'invention
L'exigence de l'unité en vertu de l'art. 82 CBE doit être remplie par la demande de brevet, non seulement telle que déposée, mais aussi aux stades ultérieurs de la procédure de délivrance du brevet, c'est-à-dire devant la division d'examen, jusqu'à la délivrance du brevet. Conformément à la règle 64(2) CBE (règle 46(2) CBE 1973), la division d'examen peut être en désaccord avec la conclusion d'absence d'unité émise par la division de la recherche, l'avis de la division d'examen étant décisif en ce que cette dernière peut ordonner le remboursement de toute nouvelle taxe de recherche à la demande du requérant (voir les affaires ci-après et dans le présent chapitre II.B.6.). En vertu du pouvoir d'appréciation qui lui est conféré, la division d'examen peut décider qu'il y a absence d'unité d'invention dans une demande de brevet, au sens de l'art. 82 CBE, même si la division de la recherche n'a pas soulevé une telle objection (T 178/84, JO 1989, 157). Voir également T 631/97 (JO 2001, 13) résumée dans le présent chapitre, II.B.6.1 "Conséquences du non-paiement d'une taxe additionnelle de recherche".
La chambre a souligné dans la décision T 544/88 (JO 1990, 429) que lorsque, en réponse à une objection soulevée pour absence d'unité, le demandeur a présenté de nouvelles revendications dont il allègue l'unité, la procédure d'examen doit être poursuivie même si les autres pièces de la demande n'ont pas été limitées aux objets desdites revendications. Pour ce qui concerne la description et les dessins, en revanche, la division d'examen peut inviter le demandeur à les mettre en harmonie avec les revendications valables (règle 27(1)d) CBE 1973 telle qu'en vigueur jusqu'au 31 mai 1991 ; cf. texte ultérieur de la règle 27(1)c) CBE 1973, désormais règle 42(1)c) CBE) et à supprimer les parties de la description et des dessins qui ne se rapportent pas à des inventions revendiquées (règle 34(1)c) CBE 1973). Elle examinera dans chaque cas l'opportunité d'ajourner ces adaptations jusqu'à la présentation de revendications admissibles.
Dans l'affaire J 24/96 (JO 2001, 434), la chambre a décidé que dans le cadre de l'application de la règle 46 CBE 1973, il incombe à la division d'examen (et aux chambres de recours) d'examiner si la division de la recherche était fondée à adresser au demandeur une notification au titre de la règle 46(1) CBE 1973 pour l'inviter à payer de nouvelles taxes de recherche. Toutefois, la règle 46(2) CBE 1973 ne concerne pas d'autres actes des divisions de recherche que les communications émises au titre de la règle 46(1) CBE 1973. Il n'est dès lors pas nécessaire que la division d'examen réponde en détail, dans une décision rendue au titre de la règle 46(2) CBE 1973, à d'autres objections soulevées par le demandeur à propos de la recherche, comme celle selon laquelle le rapport partiel de recherche n'a pas été établi conformément aux Directives. La chambre a fait observer que les divisions d'examen ont bien entendu la possibilité de faire effectuer un complément de recherche si elles estiment qu'un rapport de recherche établi par la division de la recherche est incomplet. La chambre a tenu à préciser que cela n'a rien à voir avec une décision en la forme rendue au titre de la règle 46(2) CBE 1973 concernant le remboursement sur demande de nouvelles taxes de recherche.
Dans l'affaire T 188/00, la chambre a souligné que le réexamen effectué par la division d'examen au titre de la règle 46(2) CBE 1973 devait être effectué en tenant compte uniquement des faits exposés par la division de la recherche dans sa notification selon la règle 46(1) CBE 1973. Puisque, dans la plupart des cas, les objections pour absence d'unité sont soulevées eu égard à l'état de la technique (à savoir "a posteriori"), la division d'examen doit fonder son réexamen uniquement sur les documents cités dans le rapport partiel de recherche et sur la liste des différentes inventions établie par la division de la recherche, tout en tenant compte des arguments présentés par le demandeur à l'appui d'une requête en remboursement. En ce qui concerne la procédure de réserve analogue selon le PCT (règle 40.2.c) PCT et règle 40.2 e) PCT et règle 68.3.c) PCT et règle 68.3e) PCT), les chambres de recours ont jugé qu'un tel réexamen doit se fonder exclusivement sur les motifs invoqués dans l'invitation à acquitter des taxes additionnelles, compte tenu des faits et arguments présentés par les demandeurs (cf. W 4/93, JO 1994, 939). En l'espèce, cependant, la division d'examen était parvenue à la conclusion que les revendications telles que déposées présentaient une absence d'unité a posteriori du fait qu'il avait été constaté que la revendication 1 telle que déposée était dépourvue d'activité inventive eu égard, entre autres, au document D4, lequel n'avait pas été mentionné dans le rapport partiel de recherche. Par conséquent, la division d'examen n'avait pas réexaminé la constatation d'absence d'unité au sens de la règle 46(2) CBE 1973, mais avait procédé à un nouvel examen sur la base du nouveau document. Aussi sa décision de refuser le remboursement d'une nouvelle taxe de recherche devait-elle être annulée pour des raisons formelles uniquement ; la requête du demandeur en remboursement était fondée. Voir également T 1414/18, avec d'autres références et T 2873/19, dans laquelle la requête en remboursement a été rejetée.
Lorsque la division d'examen statue sur une demande de remboursement de (nouvelles) taxes de recherche, elle doit clairement indiquer dans le dispositif la demande concrète sur laquelle il est statué, dans quelle mesure elle fait droit à cette demande et ordonne le remboursement de taxes de recherche, ainsi que la décision prise au sujet des éventuels autres éléments de la demande. Le fait de prévoir un recours indépendant contre une décision intermédiaire au sens de l'art. 106(2) CBE est une décision constitutive de la division d'examen, faute de laquelle la décision intermédiaire n'est pas susceptible de recours et qu'il convient donc d'intégrer également dans le dispositif (T 756/14).